Le défi des bioplastiques : trouver la bonne matière première
Le développement des bioplastiques se heurte souvent à un écueil de taille : l'utilisation de ressources qui pourraient être consacrées à l'alimentation. La solution ? S'appuyer sur des déchets, et non sur des cultures dédiées. En Europe, l'industrie de la tomate génère chaque année environ 200 000 tonnes de déchets solides. Ces résidus, principalement des peaux, représentent un gisement inexploité et colossal pour créer des matériaux durables, sans empiéter sur les terres agricoles.
La cutine de tomate : un trésor caché dans nos sauces
Le secret de cette transformation réside dans la cutine, un polymère naturellement présent dans la peau de la tomate. Cette substance possède des propriétés idéales pour créer des bio-laques, des revêtements utilisés notamment pour protéger l'intérieur des boîtes de conserve.
Une alternative saine au Bisphénol A
L'objectif principal de ces recherches est de trouver un substitut naturel et sûr aux laques époxy classiques, qui contiennent du Bisphénol A (BPA), une substance controversée pour ses effets sur la santé.
La bio-laque issue de la cutine de tomate présente des atouts majeurs :
Non-toxicité : Elle élimine le risque de migration de substances synthétiques dans les aliments.
Adhérence exceptionnelle : Elle adhère parfaitement au métal sans nécessiter d'additifs complexes.
Biodégradabilité : Elle s'inscrit dans une logique d'économie circulaire.
Efficacité : Elle protège efficacement les aliments contre la déshydratation et la corrosion.
Vers une industrialisation : les projets Biocopac Plus et l'initiative espagnole
Après des années de recherche en laboratoire, cette innovation passe à l'échelle supérieure avec deux projets pilotes majeurs en Europe, portés par les deux principaux producteurs de tomates de l'UE :
Le projet Biocopac Plus (Italie) : Soutenu par le programme Life+ de l'Union Européenne, ce projet est entré dans une phase de tests semi-industriels. L'objectif est de définir des procédés industriels fiables et compétitifs, et de valider l'analyse du cycle de vie complet de ce nouveau matériau.
Le projet espagnol : Conduit par le centre technologique du plastique Andaltec et l'Institut des sciences des matériaux de Séville (CSIC), ce projet s'appuie sur un brevet pour la méthode d'extraction de la cutine. Les partenaires construisent une usine pilote dédiée à la production de ce bioplastique.
En résumé, la transformation des peaux de tomates en bioplastique est une illustration parfaite de la bioéconomie. Cette innovation permet de :
Valoriser les déchets de l'industrie agroalimentaire.
Créer un emballage plus sûr pour le consommateur.
Développer une alternative écologique aux dérivés pétroliers.
Renforcer la compétitivité des industries européennes de l'emballage.
Source : Adaptation d'un article de Sophie Hoguin, "Agroalimentaire : la peau de tomate transformée en bioplastique", L'Actu de l'innovation, Techniques de l'ingénieur, 25 mai 2016.
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